EXTRAIT DU GREY BOOK DE IAN MCKELLEN
3 OCTOBRE 2000

(Traduction Tsoo'Dzil)





La traduction ci-dessous est approximative. Parvenir à restituer le charme des expressions utilisées par Sir Ian McKellen demanderait d'y consacrer plus de temps, et malheureusement, je n'en ai pas....
 

Il y a beaucoup de créatures fantastiques dans le Seigneur des Anneaux et j'en ai récemment vu quelques unes. Certaines, comme les armées d'orcs et de gobelins, sont interprétées par des acteurs et des cascadeurs, alors que d'autres, des stars comme le Balrog, sont créées dans les ordinateurs des ateliers WETA, siège des accessoires, masques et prothèses que la plupart des acteurs doivent porter à divers degrés. Il n'y a pas à proprement parler de rencontre entre Gandalf et Gollum ou Smeagol, donc je n'ai aucune idée de ce qui se prépare du côté d'Andy Serkis et de Peter Jackson.

Toutes les créatures de Tolkien ne sont pas aussi bizarres que Gollum ou Sylvebarbe ou les trolls. Les chevaux sont chers à son coeur, même les montures des Esprits Servants de l'Anneau, qui peuvent fort bien avoir une apparence diabolique, grogner comme des démons, aux sabots fendus avec des ongles, mais qui finalement, comme toutes les montures, que font qu'obéir aux ordres. On les a forcés à se mettre en service et ils sont furieux. C'est un soulagement de pas avoir à travailler avec eux.

Rastus, l'alezan qui joue le rôle du poney Bill est adorable, et nettement plus dans mon style. Rastus, conciliant et toujours en train de donner des coups de langue, est un cheval de onze ans, croisement d'un quarter américain et d'un Shetland. Guidé par Samwise (Sean Astin), il transporte les bagages de la Compagnie avec toute la confiance qu'on attend de lui  et supporte les inconfortables tempêtes de neige de polystyrène et de flocons de riz lorsque les agents de Saroumane attaquent les neuf d'entre nous dans les studios de Wellington sur le chemin de la Moria. Il était moins surpris par la tempête que le reste de l'équipe, alors même qu'il n'avait pas d'oeillères. Il ne s'est jamais plaint de la poussière dans les yeux ou des flocons de polystyrène qui se fixaient dans les moindres replis de la peau. Entre les prises, alors que je demandais une bouteille d'eau et une vérification du maquillage, Rastus se servait calmement dans la couche de sel qui avait été répandue pour ajouter des paillettes sur la surface de la neige. J'aurais alors aimé qu'il vienne avec nous dans les mines de la Moria. Il n'aurait pas été découragé par toutes ces marches d'escalier et ces corridors, ni par ces gobelins bagarreurs. En fait, je lui aurais même fait confiance avec l'anneau lui-même.

La semaine précédente, et pour la dernière fois, j'ai tourné avec lui ou plutôt avec ce que le quotidien Call Sheet, sous la plume de Rebecca Fitzgerald et Kerry, a appelé de manière peu élégante le "Mime Bill". Les pantomines britanniques de Noël mettent souvent en scène un animal de conte fantastique joué par un acteur agile - le chat de Dick Whittington, la vache de Jack qu'il a vendue pour des semences de tiges de haricot ou la Mère l'Oie elle-même. Cendrillon se vante toujours d'un poney réel pour la scène de la transformation mais un cheval de pantomine est utilisé comme doublure avec deux acteurs souples courbés en deux. Le travail du plus bas de l'échelle qu'on puisse trouver au théâtre est de jouer les pattes arrières d'un cheval. Dans les hautes montagnes au dessus de Takaka à Golden Bay (Ile du sud de la Nouvelle-Zélande) il était impossible pour Rastus de monter dans l'hélicoptère qui nous a emmenés sur les hauteurs et donc un cheval de pantomine a été utilisé.

Bien sûr Gandalf n'est pas aussi sentimental que cet Anglais, bien que je l'aie entendu murmurer à l'alezan Clyde qui l'avait déposé à Cul-de-Sac durant la scène d'ouverture du premier film. La compétence équestre de Gandalf se situe à un autre niveau que celle nécessaire pour Bill et Clyde. Comme le dit Pippin: "Grispoil n'a pas de harnais. On ne chevauche pas Grispoil: c'est lui qui décide de vous porter - ou non. S'il est d'accord, cela est suffisant. A partir de là, c'est son affaire de veiller à ce que vous restiez sur son dos, à moins que vous ne sautiez vous-même hors de la monture." Il parle d'une merveille and Peter Jackson a engagé un étalon andalous blanc de 16 ans appelé Domero qui, se tenant à 15 mains de haut (1,625 mètre au garrot, ndt) est largement à la hauteur du rôle, au moins aussi loin que l'apparence compte. Ses oreilles alertes pivotent au dessus de sa noble tête, sa crinière est abondante et n'a pas besoin de postiches comme les autres chevaux, y compris Bill, en portent dans le film.

Le problème pour moi est de le monter, dans la mesure où Grispoil refuse tous accessoires tels que bride, mors, rennes et même une selle. La présence des palefreniers, garçons et filles, pourrait représenter une sécurité suffisante, mais il y a le fait que souvent je transporte un Hobbit devant moi et que se cramponner à une personne de 3 pieds 6 pouces (environ 1,06 mètre) n'est pas très sûr. Je suis vraiment content que Basil Clapham (ma doublure à cheval) fasse les scènes de galop à ma place. Et en fait, la première image authentique de Gandalf qui a été diffusé à travers internet (bien qu'elle ne vienne pas de ce site) n'était pas du tout moi, mais Basil conduisant Grispoil vers le Gouffre de Helm - en réalité d'ailleurs ce n'était pas Grispoil non plus mais son double, un hongre de 12 ans au galop très rapide appelé Blanco. Quand je monte Domero, il lui est généralement demandé de rester sur place. Mais même dans cette situation, le mouvement de ses hanches lorsqu'il fait passer son poids d'une patte arrière sur l'autre peut, d'en haut, ressembler à une secousse sismique et une fois, Fon (la doublure de Pippin) et moi-même avons lentement glissé sur le sable du champ de lave qui entoure le volcan Ruapehu.

Depuis lors, nous avons trotté à travers un lac artificiel à Orthanc lors de la confrontation avec Saroumane - ce dernier (joué par Christopher Lee) devait jouer dans l'épisode 2 de la Guerre des Etoiles au-delà de la mer de Tasmanie dans la ville olymplique. Donc, nous poussions des hurlements en direction d'une balle de tennis jaune qui représentait le maia dément. Domero est dirigé hors champ comme un cheval de cirque avec l'aide visuelle de deux fouets dans les mains de Don Reynolds qui se tient sur un des côtés de la caméra. Parfois le signal est renforcé par son nom, mais Domero peut marcher, s'arrêter et rester sur ses marques sur un mètre carré de planches sur lesquelles il cogne des sabots. D'un côté se trouve Blanco qui, apparemment, est là pour que Grispoil puisse fixer son attention sur lui, car les chevaux sont sociables. Je n'arrive pas à comprendre en quoi une doublure en train de le regarder jouer peut constituer pour lui un réconfort. Mais à ce moment précis, Domero -- car tout ce qu'il peut reconnaître est le signal "action" pour anticiper le signal lui demandant d'avancer, d'arrêter ou cogner sur les planches -- n'a aucune conscience de jouer un rôle, et encore moins que le poids lourd et le hobbit qui se tortillent sur son dos sont en train d'essayer d'en jouer un aussi. On finit par y arriver parce que Don est persévérant et que Domero a beaucoup appris durant les six mois pendant lesquels ils ont travaillé ensemble. Don Reynolds a travaillé avec d'innombrables chevaux dans des films mais je ne crois pas qu'il ait plus admiré aucun d'entre eux plus que Domero envers qui il semble éprouver un certain respect.

J'ai suffisamment monté de chevaux dans des films - D.H. Lawrence aimait galoper (Priest of Love, 1979) et de même que son homonyme T.E. (?) je me retrouvais sur le chameau obligatoire (Ross - TV). Uniquement pendant cinq minutes. J'avais à peine été présenté à cet animal manifique et insouciant que je me retrouvais assis sur sa selle confortable et qu'on me demanda de le conduire comme une voiture. J'étais en train d'essayer de voir comment on démarrait lorsque le metteur en scène Cedric Messina me cria de m'élancer au galop en direction de la caméra 100 mètres plus loin et de m'arrêter à la marque, un bloc de rocher noir au milieu du sable. Après un coup de talon, nous nous sommes élancés et non seulement je ne suis pas tombé, mais on a même réussi à s'arrêter à peu près à l'endroit indiqué. Sans même faire tomber le trépied de la caméra. Mais c'était un coup de chance. Les chevaux sont dangereux et je ne leur fais pas confiance. Roy Kinnear s'est tué après être tombé d'un cheval sur le tournage des Trois Mousquetaires.