INTERVIEW / REPORTAGE
JOHN RHYS-DAVIES

(Traduction Tsoo'Dzil)


4 heures de prothèse en silicone pour le visage
et la mise en place de cheveux rouges sont nécessaires
chaque jour - sans parler du "rétrécissement" numérique -
pour transformer John Rhys-Davies en Gimli le Nain





par Meaghan Miller
Southland Times

La carrière de l'acteur anglais John Rhys-Davies est sur le point de s'ouvrir sur de nouelles perspectives. Voilà maintenant plus d'un an qu'il est en Nouvelle-Zélande, vivant et respirant au rythme du Seigneur des Anneaux. Il pense que la trilogie des films de Peter Jackson sera une étape fondamentale dans le cinéma.

Ce vétéran d'un mètre quatre-vingt cinq qui a tourné dans plus de quatre-vingt films, joue un des rôles principaux dans cette trilogie, le Seigneur Nain Gimli. Comment Jackson s'est débrouillé pour réduire cet homme dont la stature rappelle celle d'Orson Welles, et dont la taille fait au moins deux fois celle du plus grand des personnages hobbits, à celle d'un nain est quelque chose qu'il ne peut pas dévoiler. "Je crois que vous me trouverez suffisamment petit", dit-il.

Inutile de dire que lorsqu'il prétend que le Seigneur des Anneaux est destiné à entrer dans l'histoire du cinéma, il est convaincant. Peut-être même qu'il entrera dans l'histoire du merchandising cinématographique. Oui ! il y aura une figurine de Gimli. A peine une mesure de succès pour Rhys-Davies, dont la biographie le décrit modestement comme un fermier de l'île de Mann. Il n'est pas débutant en matière de figurines. Son rôle dans Sallah, l'acolyte de Indiana Jones dans Les Aventuriers de l'Arche Perdue, l'avait déjà immortalisé sous forme de plastique. Mais il a évolué. Maintenant il donne dans le silicone.

Il démarre tous les matins à 5 heures avec deux maquilleurs avec qui il partage pendant des heures son intimité. "Ils se tiennent à cette distance de mon visage pendant des heures", dit-il en déplaçant son index à quelques centimètres de son menton. "Cette prothèse en silicone modifie complètement mon visage", dit-il. "Les seules petites parties de moi que vous verrez sont les yeux et un peu des lèvres."

Une fois que ses gros sourcils rouges, une énorme barbe tressée et ses longs cheveux rouges sont en place, il ne lui reste plus qu'à se glisser dans un costume de 40 kilos - ce qui demande l'aide de deux assistants, rien que pour le porter. Son casque à lui seul pèse 6,8 kilos. Ajoutez à cela une côte de maille et un gros paquet de fierté et ça donne Gimli, fils de Gloin.

"Rien que le poids vous ralentit, c'est tellement lourd." Sous la prothèse insupportable - qui démange sauvagement pendant 5 à 6 heures parmi les 12 à 13 heures de tournage par jour, le rôle de Rhys-Davies est tellement dur que son visage lui fait mal. "Je dois faire un énorme travail en dehors du fait de jouer proprement dit, rien que pour maintenir tout ça en place, et ça devient vraiment difficile." Il rentre chez lui le soir en se grattant la figure, ce qui a pour effet de chambouler sa vie sociale, mais il aime ça. "C'est la gloire", dit-il, "et puis je suis grassement payé."

En fait, il est enchanté de se transformer en un personnage légèrement inhumain mais que Tolkien a rendu digne et respectable. De plus, son rôle lui permet de tirer partie de son vaste répertoire shakespearien - ce qu'il fait d'ailleurs dans chaque rôle qu'il joue. Il est persuadé que quelques unes des phrases de Gimli seront citées pendant les vingt-cinq prochaines années. Rhys-Davies prédit également que la trilogie va projeter Peter Jackson sur le devant de la scène. "Si vous les gars, vous étiez un peu malins, vous organiseriez un mouvement pour que Peter Jackson soit sacré chevalier. Vous ne réalisez pas à quel point il est exceptionnel." Il décrit son metteur en scène à l'allure échevellée comme quelqu'un de plein de ressources, d'imperturbable, une légende infatigable en short.

"Si ce projet est un succès, cela aura un énorme impact sur le tourisme en Nouvelle-Zélande. Crocodile Dundee avait apporté deux millions de touristes supplémentaires en Australie."

Rhys-Davies n'est pas particulièrement gêné par ce que le succès et ses inévitables à-côtés pourrait lui apporter. "J'ai déjà reçu une ou deux propositions de mariage. D'abord il y a les admirateurs, et ensuite viennent les fanatiques." Il aime beaucoup les admirateurs, les autres sont seulement embarassants.

Le secret pendant le tournage a été vraiment une nécessité, pour assurer un succès maximum à la trilogie. "La question n'est pas de tenir les gens à l'écart. Mais on ne peut pas mettre dans la balance deux ou trois personnes qui cultivent leur ego sur internet et une médiatisation excessive des films. L'investissement est énorme, donc le risque aussi. Il y a beaucoup d'oeufs dans ce panier", dit-il.

Quand Rhys-Davies retournera finalement sur l'île de Mann, il ramènera avec lui deux ou trois souvenirs encombrants de Nouvelle-Zélande. En dehors de ses réalisations (25 productions shakespeariennes, 11 pièces de théâtre, plus de 80 films et d'innombrables rôles pour la télé, dont Shogun, The Untouchables, I Claudius, Star Trek, Murder She Wrote et War and Rememberence), Rhys-Davies collectionne les voitures et les avions. Pourvu qu'il y ait un moteur, n'importe quoi fera l'affaire. Pendant cette année passée en Nouvelle-Zélande, il a acheté un catamaran Cook Strait crayfish (écrevisse du Détroit de Cook ?) - juste pour naviguer un peu en mer irlandaise et un moteur à vapeur de 600 dollars (les négociations sont en cours avec un type de Ashburton). "Ca marche", dit-il sur la défensive.

Rhys-Davies et ses copains acteurs et techniciens continueront le tournage dans la région de Queenstown jusqu'à la fin du mois. Le tournage principal en Nouvelle-Zélande devrait se terminer vers la fin de l'année et la sortie du premier film est attendue pour décembre 2001.